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Hommage à Félix Paoletti

Hommage à Félix Paoletti

Félix Paoletti nous a quittés le 4 septembre 2025, à 84 ans. Nous avons été plusieurs à rassembler des informations pour un hommage écrit à Félix : Daniel Naulleau, Nicole Robinet, Michelle Morcrette, Jean-François Perrot, Didier Vaudène, Gérard Nowak.

Félix Paoletti nous a quittés le 4 septembre 2025, à 84 ans. Sa carrière a commencé à l’université Paris VI, en 1971, comme assistant à l’Institut de Programmation, enseignant de probabilités et de statistiques. Il s’est particulièrement investi dans la filière « Programmeur d’études », qui permettait à des non-bacheliers l’accès aux études supérieures.

Il a été le promoteur, puis l’animateur d’un enseignement « Informatique et Société » suscité par la loi informatique et libertés de 1978. Sa thèse soutenue en 1991 avait pour titre « Informatique et société, ergonomie et conditions de travail ». Il a publié dans ce domaine, notamment sur l’enseignement de l’informatique et sur l’informatisation de la société. Son livre « L’homme et l’ordinateur » est sorti chez L’Harmattan en 2003. Félix a toujours été un militant syndical, et un participant actif au fonctionnement de l’UFR d’informatique dont il a été co-directeur avec Richard Terrat en 1984-1985, et directeur adjoint sous le mandat de René Alt en 1997-2001. Il a pris sa retraite en 2006.

Discret, strict, mais efficace, il a certainement fait évoluer l’UFR vers plus d’ouverture au monde, en luttant contre les conservatismes universitaires et en gardant la tradition d’accueil des étudiants qui n’ont pas eu la chance de suivre le « bon » cursus.

Hommage lu par Daniel Naulleau

Félix Paoletti

Félix vient de nous quitter ce 4 septembre 2025 à 84 ans. Je vais tenter d’évoquer des faits qui m’ont marqué tout au long d’une quarantaine d’années de vie commune à l’Institut de Programmation / UFR d’informatique à Jussieu.

La carrière de Félix a été originale, une carrière commencée en 1971. Il a fait, je crois, des études en Lycée technique puis, entre 1959 et 1962, en section « technicien supérieur » et en internat, à l’École Nationale de Radiotechnique et d’Électricité Appliquée (ENREA) de Clichy – devenue en 1975 l’ENSEA : École Nationale Supérieure de l’Électronique et de ses Applications. Il s’est ensuite orienté vers les probabilités et les statistiques. Cela a été sa spécialité d’enseignement à Jussieu depuis son arrivée, au moment du boum de l’enseignement de l’Informatique en France.

Il a toujours eu à cœur de faciliter l’accès de l’enseignement supérieur à des étudiants dont les parcours n’avaient pas été « normaux » il a défendu, bec et ongles, les diverses moutures des filières de Programmeur d’Études, permettant ainsi à des jeunes, et moins jeunes, de poursuivre leurs études vers les voies « nobles ». De nombreux étudiants d’IUT ont profité de ces possibilités. Après la sortie en 1978 de la Loi informatique et libertés un mouvement au sein de l’Institut de Programmation s’est développé visant à la création d’un enseignement « Informatique et Société ». Je me souviens qu’une pétition a été lancée en interne pour obtenir un tel enseignement, finalement donné par une équipe de huit enseignants. Félix a été un élément moteur de ce lancement. Nous avons dû être les plus grands diffuseurs de la loi Informatique et Libertés en la distribuant aux promotions de centaines d’étudiants de l’époque.

Il a aussi porté cette parole dans les écoles normales en particulier dans des Universités d’été du Ministère et au travers d’articles pour des colloques et des revues, sans oublier ses diverses publications comme « L’homme et l’ordinateur » ou « Informatique et Libertés ». Il a été dans les années 90 président du CREIS (Centre de coordination pour la recherche et l’enseignement en informatique et société), l’association des enseignants-chercheurs en Informatique et Société.

C’est en 1991 que Félix a soutenu sa thèse « Informatique et société, ergonomie et conditions de travail » sous la direction de Jean-Pierre Bénéjam, mettant « en évidence qu’il n’y a pas de déterminisme techno- logique et que, par conséquent, il existe pour les différents acteurs sociaux, des possibilités de choix ». Félix a aussi été un militant syndical, tantôt actif localement, tantôt nationalement au SNESUP puis au SGEN CFDT. Localement il a été moteur dans le fonctionnement de l’UFR soit en participant ou animant des AG soit par son investissement comme codirecteur de l’UFR 922 avec Richard Terrat en 1984-1985. Je retiens de cette période le travail qu’il a réalisé pour permettre aux personnels IATOS de suivre la reconversion des « perfo-vérif » vers diverses fonctions plus modernes.

Il a participé activement aux premières luttes concernant l’amiante, qui ont permis d’obtenir une première protection des bureaux des personnels au cours des années 70, plus de vingt ans avant le désamiantage complet des locaux de l’université.

Il était retraité depuis septembre 2006. Discret, strict, mais efficace, il a certainement fait évoluer l’UFR vers plus d’ouverture au monde par le développement d’Informatique et Société, mais aussi vers les étudiants qui n’avaient pas eu la chance de suivre le « bon » cursus, en luttant contre les traditions, la règlementation, l’inertie de la fac.

11 Septembre 2025 Daniel NAULLEAU

Publications Liste non exhaustive

Thèse

Articles

Livres

  • Informatique et libertés : H. Delahaie, F. Paoletti. Paris, La Découverte, 1987.
  • Dix ans d’informatique et libertés : CNIL, A. Vitalis, F. Paoletti, H. Delahaie. Paris, Economica, 1988. – Informatique, communication et société, G.-L. Baron, F. Paoletti, R. Raynaud. Paris, L’Harmattan, 1993.
  • L’Homme et l’ordinateur-Les enjeux de l’informatisation de la société, F. Paoletti. Paris, L’Harmattan / Innoval,
  • Un nouvel activisme sur l’Internet ? Les NTIC et le développement durable, F. Paoletti, M. Burnier, F. Bavay, J. Desquilbet. Terminal, n° 103-104. Paris, L’Harmattan, 2009.
  • Technologie de l’information, culture et société – Colloque : les libertés à l’épreuve de l’informatique, F. Paoletti, S. Rodotà, R. Panico, J. Mattern. Terminal n° 108-109. Paris, L’Harmattan, 2011.